Ave ! Pas de test lingerie avec ce nouvel article, mais une petite tribune sur le mouvement bodypositive. Procédons !
Récemment le Vif Weekend a publié un article sur le mouvement « bodypositif / bodypositive » et en a profité pour m’interviewer au passage. Il y a un an, c’était la RTBF qui m’avait consacré une petite place sur leur site. Je m’y suis exprimée sur ce mouvement bodypositive en répondant à leurs questions.
Aujourd’hui, je me suis dit qu’une petite mise au point, sans questions des journalistes, pourrait être pas mal.
P.S : la photo de couverture a été réalisée par Madame Chérie.
Un peu de contexte
Pour celles et ceux qui m’ont rejoint il y a peu, voici un peu de contexte. J’ai crée ce blog en décembre 2015. Voilà donc deux ans et demi que je vous parle presque quotidiennement sur les réseaux sociaux et régulièrement sur le blog ! J’ai lancé ce blog pour plusieurs raisons :
- Aider les femmes rondes, comme moi, à trouver de la lingerie jolie et adaptée.
- Montrer que la belle lingerie et la lingerie sexy c’est pour tout le monde. Comme le dit internet : #stylehasnosize.
- Contribuer à plus de diversité dans la représentation des corps dans l’univers de la lingerie et sur internet de manière générale.
le bodypositive et moi
Après la création du blog je me suis vite retrouvée prise dans le mouvement bodypositive. Parce que mon physique n’est pas considéré comme étant standard, je me suis reconnue dans ce mouvement qui prône l’acceptation des corps différents. C’est une bannière de ralliement pour de nombreuses grosses et il était important pour moi de faire partie de la communauté, d’être aux côtés de personnes qui me ressemblent. Et clairement ça m’a aidée dans ma démarche personnelle d’acceptation de mon corps, et le lancement de mon blog.
le bodypositive et son utilisation
Si aujourd’hui le mot est utilisé pour avoir une incidence positive sur tous les corps, je pense sincèrement qu’il appartient de fait aux corps différents des normes de la société. Si je reconnais bien évidemment le droit aux personnes dans la norme et valides d’avoir des complexes (qui n’en a pas ?), je pense toutefois que ce mouvement n’a pas été fait pour elles et que son utilisation est désormais un peu abusive. Pourquoi ne pas simplement parler de bodyconfidence alors ? Ou simplement d’acceptation et de confiance en soi. Le champ lexical est assez vaste pour qu’on puisse laisser certains mots à certaines communautés.
la pression du bodypositive
Outre ces soucis de champ lexical, il y aussi ce qui se cache derrière le mouvement bodypositive. J’ai reçu de nombreux messages privés de femmes désespérées de ne pas aimer leur corps H24. Doit-on aimer son corps 7j/7, 24h/24 ? NON. Le fait de parler de positif est en soi…positif évidemment. Mais le revers de la médaille, selon moi, est que cela met une pression supplémentaire : à force de voir des meufs célébrer leur corps quoiqu’il advienne en permanence, comment je fais moi si je n’y arrive pas ? On rencontre un obstacle frustrant. Et on sait comme c’est facile de se mettre la pression, surtout quand il s’agit de notre corps. Perso, je dis non à cette pression supplémentaire. Presque un diktat de plus.
ce que je préfère finalement
Finalement, je préfère les termes de bodyneutral et bodyconfidence (ou simplement confiance en soi). Bodyneutral parce qu’il exprime un concept plus simple : être neutre vis à vis de son corps. Être positif c’est merveilleux, mais être neutre c’est déjà formidable. Arriver à regarder son corps sans pensée négative est déjà un pas énorme. Pour moi, il permet aussi de laisser libre court aux phases alternantes de positivité et de négativité. En somme il permet un certain équilibre.
J’aime aussi beaucoup bodyconfidence (ou confiance en soi) parce qu’il véhicule un message fort d’affirmation de soi. Pour moi il montre que nous faisons confiance à notre corps, assez pour le montrer et vivre avec sans contraintes.
Pourquoi j’utilise quand même le hashtag #bodypositive
Parce que malgré tout, ma représentation est associée à ce mouvement malgré moi. Et soyons honnête, j’ai aussi envie que mes publications soient vues sur les réseaux sociaux, et que le blog fonctionne. Parce que j’ai envie de vous découvrir, de vous parler, de vous faire découvrir des choses. Sans un minimum de stratégie derrière je finirai par disparaître dans les méandres d’internet, et quand même, je serai un peu tristoune de bosser pour rien !
pour conclure
Je ne veux pas dénigrer le mouvement et toutes les choses merveilleusement positives qu’il apporte ! Je voulais seulement exprimer les nuances qui peuvent exister, et surtout vous dire de ne pas vous mettre de pression. Votre relation à votre corps, c’est comme vos histoires d’amour : elle est unique, personnelle, et avec ses hauts et ses bas. Soyons indulgentes envers nous-même, on a le droit de ne pas aimer notre corps parfois, ou souvent. Le tout est d’arriver à cheminer tant bien que mal vers son petit bonheur. Pour terminer, pour moi l’essentiel c’est, comme je disais plus haut, de vivre sans contraintes. Que ce soit la pression d’un hashtag ou celle de la société, se libérer de ces contraintes reste quelque chose de très salvateur, car il permet de savourer la vie comme on le mérite et sans culpabilité. Alors, hommes ou femmes : libérez-vous !
2 Comments
Merci pour ton article qui remet bien les points sur les i. J’aime bien le mouvement bodypositive mais j’ai vu les limites de celui-ci chez des personnes qui le prônaient mais étaient très complexées en réalité. Elles se forçaient à accepter leur propre corps et ça se sentait quand elles faisaient des reproches à quiconque qui osait dire vouloir changer de corps au lieu de l’accepter comme il est. J’ai vu la pression chez ces personnes et par conséquent sur moi. Ça m’a rendu un peu méfiante vis-à-vis du mouvement. Du coup, ça m’a fait plaisir de voir qu’il y a une personne comme toi qui l’a compris et nuancé les choses autour de ce sujet.
En effet, je n’ai pas développé mais ça a un effet pervers sur les blogueuses elle-même qui se mettent une pression folle au lieu d’admettre tout simplement que ce n’est pas facile tous les jours… Et il y a aussi comme tu dis cet effet « figé », à savoir que quelque soit le degré de complexe si on veut changer quelque chose alors on est pas « bodypositive ». Au contraire, si on le fait pour soi de manière réfléchie et qu’on se sent mieux après, je ne vois aucune raison de ne pas changer ! J’aurais du rajouter le #bodyacceptance parce que c’est là le cœur de la chose : accepter de laisser vivre les gens comme ils l’entendent et faire de même pour soi-même !